Après l’urgence de la crise et le recours massif au télétravail, la croissance des revenus des opérateurs s’explique en premier lieu par l’embellie sur le marché des services fixes, notamment la montée en puissance des abonnements à la fibre.

Depuis l’invention du Sémaphore par les frères Chappe, les moyens de télécommunication ont pris une telle ampleur qu’ils font partie du quotidien de milliards d’utilisateurs à travers le monde. La criticité de ce secteur est apparue au grand jour lorsque la pandémie a frappé. Les opérateurs ont dû réagir, non seulement en tant que fournisseurs d’un service vital pour le pays, mais aussi en tant qu’employeurs mettant leurs collaborateurs en télétravail et s’organisant pour maintenir le service coûte que coûte.

D’après le dernier Observatoire des marchés de télécoms de l’Arcep au 1er trimestre 2021, le revenu des opérateurs sur le marché de détail augmente de près de 2 % en un an au premier trimestre 2021, « un rythme de croissance inégalé depuis plus de dix ans », affirme l’Arcep. Cependant, cette tendance n’est pas due à la pandémie, elle a été observée bien avant. Le revenu des opérateurs, 8,9 milliards d’euros HT au premier trimestre 2021, connaît globalement une amélioration depuis le quatrième trimestre 2019, et une croissance sur pratiquement tous les postes de revenus ce trimestre (services fixes, mobiles et revenus annexes).

Le marché est tiré par les abonnements à la fibre

Cette croissance est principalement portée par la hausse du nombre d’abonnements à haut et très haut débit et par la migration grandissante des accès cuivre vers ceux en fibre optique de bout en bout. De plus, l’adoption des réseaux à très haut débit progresse aussi bien les réseaux fixes que sur les réseaux mobiles. Sur le fixe, depuis le troisième trimestre 2020, la totalité de la croissance des abonnements à très haut débit provient de celle des accès en fibre optique de bout en bout. Au premier trimestre 2021, ce marché représentait 3,8 millions d’abonnés supplémentaires en un an, dont 1,1 million au cours du trimestre. Au total, 11,4 millions d’accès sont actifs sur ces réseaux, ce qui représente 45 % des 25,6 millions de locaux éligibles à cette technologie (+6,1 millions en un an). Parallèlement, le nombre d’abonnements sur réseau cuivre DSL diminue à un rythme accéléré, et particulièrement rapide depuis le troisième trimestre 2020 : -2,7 millions d’accès de moins en un an.

Ainsi, le revenu des services à haut et très haut débit continue de croître à un rythme soutenu, et à un taux qui n’avait pas été atteint depuis quatre ans (+3,5 % en un an). Parallèlement, le revenu lié à la vente des accès aux réseaux intersites auprès des entreprises (567 millions d’euros HT) se stabilise après huit années de diminution. En conséquence, la contraction du revenu enregistrée sur la vente des services bas débit (476 millions, -12 % en un an) est plus que compensée par la hausse des autres postes de revenus des services fixes.

Avec la fermeture des points de vente des opérateurs durant le premier confinement au premier semestre 2020, le revenu issu de la vente et de la location des terminaux mobiles, composante principale des revenus annexes, avait perdu 15 % en valeur par rapport au premier semestre 2019. Depuis le quatrième trimestre 2020, le revenu des terminaux mobiles (741 millions d’euros HT au premier trimestre 2021) progresse à nouveau, et de 12 % en un an ce trimestre. La commercialisation de nouveaux smartphones (terminaux mobiles 5G, par exemple) sur le marché participe également à cette augmentation.